Hiemain

Les souvenirs de mon enfance s'effacent au fur et à mesure que ma vie avance.

Je suis née dans un éclat de lumière:la roche du juste.
Seul un homme bon peut la voir et donc la toucher pour en faire ressortir le meilleur de lui-même...Je fus le meilleur d'un de ces rares hommes.

Mon père donc, si je peux l'appeller ainsi, fut sacrifié pour me voir naître au monde, car qui touche la pierre du juste en meurt.

Ma seule famille n'est plus. Ma mère n'est pas. Mes frères et soeurs ne furent jamais.
Je suis seule!


Recueillie et élevée par le sorcier qui possédait la roche du juste, il ne mit pas longtemps pour ce décharger de moi et m'abondonner à mon triste sort.
Par la suite je connue les abondons soudains et la race des hommes lâches, mais je survécue. Je survécue et je vaincue!

On dit que la roche du juste fait naître la meilleure chose de chaque homme bon, mais que d'elle ne pourra naître qu'un et qu'un seul être. Me voici...

Et toujours selon certain, seul cet être peut posséder et utiliser la roche sans en mourrir.

Ma tâche est de retrouver et contrôler cet éclat de lumière qu'est la roche du juste. Et jamais, ô grand jamais je ne devrais me laisser pervertir par le mal si je la trouve. Car alors, la roche du juste se ternira et pourrait bien devenir la roche du mauvais...

...de terribles choses pourrais alors s'en faire ressentir.

Je ne devait pas être plus haute que trois pommes quand j'appris mon destin par Sélanéide, le sorcier qui m'élevait.
Après cette terrible nouvelle il m'apprit beaucoup à me servir de mes sens, à les affuter. Quelques tours de sorcelerie ainsi que quelques brevages et potions me furent inculqués.
Je savais guérir ou donner la mort par boisson alors que je n'avais pas encore l'âge de monter à cheval...
Plus je grandissais, plus Sélanéide s'inquiétait de savoir se que je pensais, où j'allais, se que je faisais. Il avait bien trop peur de me laisser au monde extérieur. Nous vivions en pleine forêt, dans un endroit sombre et dense, inconnu de tous.
Sa tâche était difficile, titanesque. Il ne devait m'élever ni dans le bien, ni dans le mal. Il fallait que je sois neutre pour que plus tard je puisse choisir en toute conscience de quel côté je voudrais être.
Il n'avait pas le droit d'influer et d'influencer mon destin et mes envies.

Au soir de mes 7ans, Sélanéide vint me trouver dans ma chambre faite de mousse d'arbre. Il me prit dans ses bras en pleurant. Je dormais et je ne vis rien mais quand je repense à ce moment et que je m'applique à développer mes sens je me souviens qu'a travers mon sommeil je ressentais sa tristesse.
Il marcha une bonne partie de la nuit et fit des incantations tout au long du trajet pour que je ne retrouve pas le chemin de la maison.

Au petit matin il me réveilla. Nous étions sous les arbres en bordure de clairière. Je regardais mon maître et je devinais que quelque chose n'allait pas, mais je ne savais pas quoi.

Nous sommes restés 3 jours et 3 lunes complètes aux abords de cette clairère. Sélanéide me fit perfectionner mes savoirs sans repos aucun.

Sa tristesse se lisait sur son visage mais il n'avait pas le choix. Au matin du 4ème jour je me réveilla seule, un grimoire posé auprès de moi. Sélanéide était repartie chez lui.

Je lui en voulu lontemps, je ne comprennais pas pourquoi mon maître, la seule personne en qui j'avais confiance m'avait abandonnée là, sans un mot, sans une explication.

Je ne compris que bien plus tard qu'il avait fait cela pour mon bien, que le temps était venu que je me débrouille par moi même et que je choisisse mon camps.

Bien sûr ma première réaction fut d'essayer de retrouver ma maison, mais rien ni fit. Les incantations de Sélanéide ne me permettaient pas de retrouver mon chemin. C'était un endroit qui m'était perdu à jamais.

Alors je me mis en route, le grimoire sous le bras, pour décider de mon futur. Après de nombreuses semaines à regarder autour de moi, je me tournais vers le bien. La désolation des villages que je traversais me serrait la gorge, beaucoup de choses étaient détruites, beaucoup de corps jonchaient le sol. Ils avaient été laisser là, à l'abandon, la plupart des gens avaient fuit la terreur. Je m'attelais donc à leur donner une sépulture et je les enterrais tous, les hommes, les femmes, les enfants...

J'étais petite et leurs corps étaient lourds. J'enterrais des gamins de mon âge, la gorge compressée. Mes poumons se refusaient à respirer l'odeur des chairs putréfiées. J'étais sale, souillée de sang et de terre.

J'apercevais parfois des bandes d'enfants. Ils vivaient en groupe, orphelins. Je n'osais pas me mélanger à eux, je m'en méfiais. Ils volaient les quelques paysans restés sur place qui n'avaient même plus de quoi se nourrir convenablement.
Je préférais rester à l'écart, chassant et cueillant tout se que je pouvais.
J'avalais frénétiquement les lignes du grimoir, espérant y trouver je ne sais quoi qui pourrait me sauver la vie.
Des potions de force et de vitalité ou encore des potions de richesse pour ne plus manquer de rien.

Mais il n'y avait pas de potions miracles. Ses breuvages les plus dangereux et les plus extraordinaires, Sélanéide les avait garder pour lui.
Grand bien lui en pris, qu'aurait pu faire un enfant de 7 ans avec de tels pouvoir entre les mains?!
Je savais guérir et donner la mort, c'était déjà suremment bien plus qu'il ne fallait.
Et que se serait-il passer si ce grimoir avait atterit entre de mauvaises mains, avec autant de pouvoir à l'interieur?!
Non, Sélanéide m'avait laisser des petits rien pour me débrouiller dans l'adversité et pour me permettre de vivre au jour le jour.

En quelques semaines j'étais devenue sauvage. Je vivais en bordure de forêt, près d'un village.
Si un danger se faisait sentir au village je me réfugiais dans les bois et à l'inverse, si un danger se profilait dans la forêt, je me rapprochais du village. La lisière était parfaite.

Très vite les habitants s'aperçurent que je connaissais les potions qui sauraient les guérir des maladies ou des blessures, que je pouvais leur donner la force d'aller travailler au champs ou que je pouvais savoir si une union serait bonne ou non entre deux être.
Je leur paraissais sorcière et sauvage, ils avaient un peu peur de moi, mon jeune âge augmentait leurs angoisses, ils ne comprennaient pas que je puisse avoir autant de connaissance si jeune.
La crainte et le respect se faisait sentir quand ils venaient me voir, m'apportant des présents en échange d'une consultation.

Mais finalement, satisfait des services que je leur rendais, ils finir par m'accepter. Qu'un enfant sauvage et plein de sorcelerie vive auprès de leur village leur paru presque normale à la longue. Comme cela se faisait dans les temps très anciens.

Plus je soignais de paysans, plus leur curiosité devenait grande. Il fallut que je me trouve un prénom.

Sélanéide ne m'en avait jamais donné, il se contentait de m'appeler "ma fille" ou "jeune félys".

En mémoire de mon maître je choisis de me nommer Hiemain. C'était bien souvent le dernier mot de ses incantations, quelles qu'elles soient.
Je n'avais aucune idée de ce que cela signifiait, mais ce mot me rassurait et me ressemblait étrangement.

J'adoptais donc Hiemain et ne cessais de me le répéter à voix basse, comme pour ne pas l'oublier ou pour me familiariser avec cette idée. Je passais des jours complets à psalmodier ce nom, jusqu'à ce que mon corps entier transpire par le moindre pore ce mot, Hiemain.

Les villageois qui venaient me voir me virent répéter sans cesse Hiemain comme une étrange incantation et finir par me nommer ainsi, sans que j'eu besoin de leur dire que j'avais choisi ce mot pour prénom.

La jeune félys sorcière Hiemain était née.

Je restais près du village plusieurs années, puis ma soif de découvertes et d'aventures me poussa hors de la contrée.

J'explorais tout, je m'installais à un endroit et y restais un jour, quelques semaines, voire un an ou deux.

Je compris vite qu'il n'y avait pas que les contrées que je découvrais, cela m'appris énormément sur mes limites, mes possibilités.

Une fois cela en tête, j'entrepris de me réfugier, tel un ermite, en pleine montagne. J'y suis restée deux ans, sans jamais avoir de contact avec l'exterieur. Ce fut pour moi une expérience pénible, mais nécessaire.

J'avais l'habitude de la solitude, Sélanéide m'avait élevée ainsi, mais il n'était pas à mes côtés pour m'aider, me soutenir et durant cette période je repensais souvent à lui.

C'est à ce moment là que je compris pourquoi mon maître m'avait abandonnée. Il me fallu du temps mais, en retournant à la vie civile, j'étais en paix avec moi-même et je ne lui en voulais plus.

Tellement en paix avec le monde qui m'entourait que je m'épris d'un farouche félys qui devint vite mon mari.

Nos modes de vie s'accordaient parfaitement et nous avions décidé de nous installer là où j'étais la plus à mon aise, autrement dit, à l'orée d'une forêt.

J'eue le droit aux deux plus belles années de mon existence.
Mais un matin, au réveil, les draps étaient froids et vides à mes côtés.
Dans le poussière du sol, devant la maison, les traces d'un objet qu'on avait trainé s'offrait à mon regard.

Le passé de l'homme tant aimé l'avait rattrapé. Je ne devais plus jamais le revoir.

Ne trouvant pas son corps, j'érigeais une stèle au pieds d'un arbre dix fois millénaire et je repris ma route, comme si tout cela n'avait jamais été...

Au bout de cette route, je ne le savais pas encore, j'allais trouver une famille, ma famille.
L'ancienne cité Tunrienne s'offrit à moi au détour de mes bois tant chéris.

Et comme une évidence, il fut tant pour moi de poser mon destin en ses murs...

Le temps était passé et les années avec!

Je n'avais jamais quitté Tunaria bien lontemps, je n'en avait pas l'utilité.

Au fil des ans, mon statut au sein de la communauté avait évolué, j'étais connue et reconnue. Je devint finalement aubergiste.

C'est cette même raison qui me poussa à partir un matin. L'auberge était de plus en plus déserte et de plus en plus souvent.

Mon besoin de liberté, que j'avais réussi à refouler jusqu'à présent me reprit toute entière, m'opressait la gorge. Il fallait que je parte, je le devais.

Je me réfugia dans la montagne. Une montagne pleine de magie. Il me fallut des jours pour arriver ou je devais arriver. C'est seulement quand je la reconnue que je compris.

Sélanéide...je me retrouvais à présent chez lui, c'était cela cette magie que je percevais depuis le début. Comment n'avais-je pas pu la reconnaitre plus tôt?!

Une autre pensée me vint, ce n'était pas mon besoin de liberé qui m'avait emmener ici, c'était lui. Il m'avait appelé et j'étais venu.

Il n'y avait que deux solutions:mon maître était sur le point de mourir ou c'était déjà fait.

En entrant dans la cabane, de vieux souvenirs me revinrent, tout les alamics, les potions, les plantes étaient là, dans un pêle-mêle chaotique. Je m'approcha du fond et vit ce que je redoutais, Sélanéide, mon maître, était mourant.

En me voyant le regarder il tendit le bras vers une pile de grimoirs puis vers son atelier. Je compris. Il voulait que je lui prenne tout et c'est ce que je fis. Une fois les affaires rangées je me tourna à nouveau vers lui pour l'aider mais il refusa. Il me serra juste la main du plus fort qu'il put et me glissa à l'oreille une comptine qu'il m'avait souvent chanté quand j'étais petite. Mais ce n'était pas qu'une comptine, je le compris quand il la termina, il venait de la finir par hiemain, la formule de fin des incantations.

Puis, sans plus de ménagement, il m'ordonna de partir et d'attendre dans la forêt.

Je savais ce qu'il fallait que j'attende, c'était sa mort.

Plusieurs jours plus tard, je me rendit compte que la forêt ne dégageait plus cette aspect mirifique, la magie c'était dissipée, sélanéide était mort.

Je pris mon sac, salua ce qui avait été le royaume d'un puissant magicien et redescendis la montagne pour rentrer chez les miens...